Les malpositions et malformations des pieds chez le nouveau-né : comprendre, observer, agir
- Mélissa Ferrandi
- 10 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 oct.
À la naissance, il n’est pas rare que les parents remarquent que les pieds de leur bébé ne semblent pas “bien droits”. Certains penchent vers l’intérieur, d’autres vers l’extérieur, ou paraissent légèrement “tordus”. Ces observations peuvent être impressionnantes, mais la plupart du temps, elles sont sans gravité et se corrigent naturellement avec la croissance et les mouvements du bébé.
Dans cet article, nous faisons le point sur les différences entre malposition et malformation, leurs causes, et ce que les parents peuvent faire pour accompagner leur enfant.
1. Malposition ou malformation ?
La malposition est la situation la plus fréquente. Elle correspond à une déformation posturale, souvent due à la position intra-utérine pendant la grossesse. Le pied a été “coincé” dans une position anormale, ce qui modifie temporairement son aspect.
Exemple : un pied métatarsus varus (pied tourné vers l’intérieur) ou un pied talus (pied en hyperextension).
Ces malpositions sont souples : on peut remettre le pied dans l’axe sans résistance. Elles disparaissent généralement en quelques semaines ou mois avec de simples mobilisations, voire naturellement.
La malformation, en revanche, est une anomalie structurelle du pied, comme le pied bot varus équin. Le pied présente une déformation fixe et rigide, liée à une anomalie osseuse, musculaire ou tendineuse. Un traitement spécifique est nécessaire (kinésithérapie, plâtres successifs, attelles).
2. Pourquoi ces déformations apparaissent-elles ?
Les causes varient selon le type d’atteinte :
• Position intra-utérine : peu d’espace dans l’utérus, grossesse multiple, présentation en siège…
• Facteurs mécaniques : compression sur la paroi utérine, manque de liquide amniotique.
• Causes congénitales ou génétiques (dans le cas des véritables malformations).
Dans la majorité des cas, il s’agit d’une simple adaptation posturale, réversible avec le temps et le mouvement.
3. Que peuvent faire les parents ?
Observer :
• Surveillez la symétrie des deux pieds.
• Notez si le pied bouge librement ou semble “bloqué”.
• Parlez-en au pédiatre ou à votre kinésithérapeute dès la maternité si vous avez un doute.
Stimuler en douceur :
• Les petits mouvements de jeu (chatouilles, mobilisations légères pendant le change) aident à assouplir le pied.
• Laissez bébé bouger librement, pieds nus autant que possible : cela favorise la motricité et la proprioception.
Éviter les contraintes :
• Pas de chaussures rigides ni de chaussons serrés.
• Évitez de forcer les positions (comme le “debout” trop tôt).
4. Quand consulter ?
Il est important de consulter si :
• le pied est très rigide ou ne se remet pas dans l’axe facilement,
• il existe une asymétrie marquée entre les deux pieds,
• la déformation persiste plusieurs semaines sans amélioration,
• ou si vous observez une gêne lors des appuis ou des mouvements.
Le kinésithérapeute pédiatrique évalue alors la souplesse du pied et propose un traitement adapté : mobilisations, massages, exercices, strapping ou orientation vers un orthopédiste si nécessaire.
5. Le rôle de la kinésithérapie
La prise en charge en kinésithérapie aide :
• à assouplir les tissus et accompagner la correction naturelle,
• à stimuler la motricité spontanée,
• à rassurer les parents en leur apprenant les bons gestes à la maison.
Le suivi est souvent bref, mais essentiel pour assurer un bon développement moteur et une marche harmonieuse par la suite.
À retenir : dans la grande majorité des cas, les pieds “tordus” du nouveau-né ne sont pas une pathologie, mais une simple adaptation à la vie intra-utérine. Une surveillance et quelques gestes simples et de courte durée suffisent à les remettre dans l’axe.

